La plus belle piste d’un dinosaure quadrupède d’Afrique se trouve au Niger. Elle comprend sur 60 mètres de longueur, 31 couples (un “couple” est formé des empreintes antérieure et postérieure d’un même côté de l’animal); on distingue parfaitement dans chaque couple l’empreinte du pied, de grandes dimensions (36 cm de long) et de celle de la main, plus petite (22 cm de long).Les dernières phalanges sont dirigées vers l’extérieur pour la patte arrière et vers l’intérieur pour la patte avant, exactement comme chez les Diplodocus.

Les dimensions de cette piste, l’écartement entre les empreintes du côté gauche et les empreintes du côté droit, la taille et la forme de chacune des empreintes prouvent que l’on a affaire à un grand dinosaure Sauropode. Les Sauropodes regroupent tous les grands herbivores à bassin triradié et comptent dans leurs rangs les Diplodocus, les Brachiosaures, les Camarasaures, les Cétiosaures et bien d’autres formes encore; ce sont les plus gros vertébrés terrestres qui aient jamais peuplé la terre. Il est extrêmement rare de récolter un squelette bien conservé de ces géants de lère mésozoïque; il est encore plus rare de trouver lors de la fouille d’un Sauropode tous les os des pattes encore en connexion.

Doigts et griffes. C’est pourquoi l’étude et l’interprétation des empreintes de Sauropodes, la trace sur le sol de leurs griffes, de leurs phalanges, de la forme de leurs pattes sont précieuses pour mieux connaître et comprendre cette anatomie. Dans le cas du Sauropode du mont Arlit, les scientifiques ont pu constater que le premier doigt de sa main était rejeté vers l’intérieur et armé d’une grosse griffe allongée; cette observation est exceptionnelle : c’est l’un des rares cas où une telle empreinte se trouve bien imprimée sur le sol; quelques-unes des empreintes montrent très distinctement la trace de cinq doigts à la patte antérieure : les trois premiers, les plus internes, tous garnis de griffes effilées, les deux doigts externes imprimés sous forme de deux gros bourrelets arrondis correspondant à des doigts dépourvus de griffes. L’ensemble de la trace de la patte antérieure est large et courte, indiquant que les métacarpiens ne reposaient pas horizontalement sur le sol; l’animal posait sa patte sur ses doigts et non sur la paume de sa main. La marque du pied est plus allongée; les métatarsiens et le talon reposent franchement sur le sol. Quatre doigts sont toujours bien visibles. La griffe du premier doigt (celle du pouce) est la plus longue; les doigts II, III et IV sont également armés de griffes allongées. Le doigt V (le petit doigt), rarement visible, est très court et la griffe peut être recourbée vers l’extérieur voire retournée vers l’arrière. Le Sauropode du mont Arlit possédait donc des pattes postérieures dont tous les doigts étaient munis de griffes à la différence de ce que l’on connaît chez les dinosaures américains.

L’étude de cette piste permet également d’estimer, en mesurant l’écartement entre les empreintes du côté gauche et celles du côté droit (80 cm) et de l’enjambée (la distance qui sépare deux empreintes du même pied ou de la même main), qui varie de 1,90 m à 2,30 m, les dimensions de ce dinosaure.

La queue ne touche pas le sol. A Arlit, on a appris également que l’animal ne laissait pas traîner sa queue sur le sol; aucune trace de ce long appendice n’est visible, alors que la boue bien fluide a gardé très fidèlement le moindre détail des pattes. Cette absence de trace de la queue est constante chez les dinosaures, ce qui signifie que tous ces grands reptiles, qu’ils soient quadrupèdes ou bipèdes, marchaient ou gambadaient avec la queue horizontale au-dessus de la surface du sol. On connaît un rare exemple d’empreinte de la queue d’un dinosaure; il s’agit de celle d’un Iguanodon qui a laissé ses empreintes sur des couches du Crétacé inférieur au cap Espichel, au Sud de Lisbonne. Dans ce cas, on a déduit que l’animal était au repos et l’on peut voir distinctement l’empreinte des deux pattes postérieures et, en arrière de celle-ci et dans l’axe médian, une cuvette allongée, plus large antérieurement que postérieurement de 50 cm de longueur, qui correspond bien à l’empreinte de la queue.

Philippe Taquet

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